L'homme, sa vocation, ses rêves.
Aujourd'hui, je me retrouve avec ces photos éparpillées...des images fixées à jamais. Des images qui parlent décrivant des bribes de vie... Comme sur un écran, le projecteur nous fascine de son faisceau lumineux, comme un kaléidoscope. Chaque image semble remonter le cours du passé. Les personnages se succèdent tour à tour pour parler de ce moulin qui les avait tant charmé. Oui, chaque image ramène son lot de souvenirs et cette nostalgie envahissante qui nous submerge par vagues, par tant d'émotions et de vibrations contenues depuis si longtemps. Chaque image semble s'adresser à nous, choisie ou non, par son impact vif et aigu.. son regard droit comme l'objectif d'une caméra raconte les épisodes du passé.
Le personnage de Bob!
S'il y avait pu avoir une bibliographie même officieuse, on serait tenté de dire qu'il était un méridional et on prêterait volontiers à ce Pierre Ricard des racines plantées sur les rives de la Méditerranée. Et pourtant, son patronyme, déjà, évoque un breuvage très prisé dans le sud de la France ; son regard d'une incandescence presque timide et démodée encore soumis aux feux mal éteints d'une enfance rangée, entre les enfants de la paroisse et les boys scouts de La Bourboule. Lorsque je l'ai connu bien plus tard que lorsqu'il était à Omnès Gentès, j'ai eu le bonheur de découvrir que Bob n'était plus l'enfant de chour qui se prosternait devant les prêtres ou les hommes d'église, ainsi qu'il en était auparavant. C'était comme s'il ne croyait plus en la bienveillance et le rayonnement de la sainteté pour le bonheur deux hommes. Après son retour d'Algérie, il semblait être transcendé comme un homme qui sort d'un long sommeil. C'en était fini des messes du dimanche comme des vêpres... Et, outre ses talents de rassembleur, humaniste de l'école Sartrienne, il avait bien des qualités pour atteindre le dépassement de soi, de fait, il possédait la plupart des vertus requises pour incarner la contre valeur idéale d'une société soumise. Il réagissait discrètement alors que d'autres faisaient les paons : ces obsessions empruntaient les chemins vers d'autres sources bien meilleures ( de Joyce à Apollinaire...) avec cette obsession irrésistible vers l'errance et toujours la recherche d'un site nouveau. Dans ce registre, oui, il avait la volonté d'un pèlerin mais sa croisade était différente: Bob désirait ouvrir toutes les voies de l'Amitié, cette Amitié du Monde qui lui, était si précieuse.
Bien que rondelet car il aimait tant la bonne chair et ce qui l'accompagne, Bob était souple même si son corps semblait faire chair et masse. Il avait des petites mains disais-je mais des pieds semblablement petits et fragiles : normal disait-il comme tous les poissons ! C'était aussi, une sorte de bloc assorti d'espérances et de désespoir, mêlé d'énergie allègre, un optimisme rare. Ses discours, dans les mots fouettent l'imagination, le rendaient léger et gracieux à nos regards intimidés.
